Un rallye solidaire

 

4 500 kilomètres, six pays, 25 heures de vol, neuf jours : le raid aérien Latécoère suivra les traces de la légendaire ligne aéropostale à partir du 2 octobre. Aux commandes d’un DR 400, Caroline Jeanpierre, formée au pilotage à l’aéroclub de Colmar, s’envolera pour rejoindre Dakar, en 14 étapes.

 

« Relier les hommes et les continents par l’aérien », tel était le projet ambitieux de Pierre-Georges Latécoère. Dans les années 20, il créa la première ligne aéropostale entre la France et l’Afrique. Puis, par la suite, l’Amérique du Sud. Le 2 octobre, 25 équipages s’envoleront sur les traces de cet homme visionnaire. Une épopée de près de 4 500 kilomètres. Entre ciel, terre et mer. De Toulouse à Dakar. En passant par l’Espagne, le Maroc, le Sahara et la Mauritanie.

 

« Petite, j’allais simplement voir les avions avec mon papa »

 

Parmi ces aventuriers des temps modernes, Caroline Jeanpierre. Passionnée d’avions, elle s’apprête à titiller les nuages à bord de son DR 400, aux côtés de quatre autres femmes. Dont Mélanie Astles, prodige de la voltige. « Il s’agit de l’unique équipage féminin », indique Caroline. Des coéquipières qu’elle ne connaît pour l’instant que de nom. Mais qu’à cela ne tienne. Toutes partagent la même passion pour les airs. L’essentiel est là.

 

Chapeauté par un pilote instructeur, l’équipage volera en moyenne 3 h par jour pour un total de 25 à 28 heures en tout. « On se relayera aux commandes », indique-t-elle. Ingénieure diplômée de l’ENIM, la jeune femme n’a pas toujours côtoyé d’aussi près le monde de l’aéronautique. « Petite, j’allais simplement voir les avions avec mon papa », se souvient-elle. En grandissant, l’appel du ciel se fait plus fort.

 

« Il y a quelques années, j’ai fait un vol d’instruction et là, ce fut le déclic. Les cartes, la boussole, les moteurs, la rigueur : tout ce que j’aime est réuni dans cette activité ». C’est donc tout naturellement qu’elle débute sa formation de pilote à Colmar « il y a un peu plus de 3 ans ». Avec 70 heures de vol au compteur, Caroline espère obtenir son brevet de pilote privé avant la fin de l’année. Nul doute que l’expérience qu’elle va acquérir dans le ciel africain lui sera précieuse. « Ça m’apportera de la confiance », lance-t-elle.

 

Si le raid Latécoère est un vrai défi sportif, il n’en demeure pas moins une aventure humaine. Tout en entretenant la mémoire des lignes aériennes mythiques, il s’agit aussi de soutenir des projets solidaires centrés autour de l’éducation et de l’aéronautique. « Le raid permet différentes réalisations : construction d’écoles, réfection de toits, de puits, financement de matériel scolaire et sportif. On propose également des baptêmes de l’air », précise Caroline.

 

Le « branle-bas de combat »

 

Sensible aux valeurs portées par l’association Aéroclub Pierre-Georges Latécoère et désireuse de venir en aide à « des enfants qui en ont besoin », Caroline s’est inscrite au raid il y a « trois semaines ». Alors, forcément, c’est un peu le « branle-bas de combat ». « Je viens seulement de chercher mon passeport à la mairie », plaisante-t-elle.

 

Le vol retour ? « Je n’ai pas encore mes billets ». Pour autant, participer au raid ne s’improvise pas. L’enveloppe du projet s’élève à 5 000 euros. « 500 euros seront consacrés au volet solidaire. Le reste sera employé à la logistique, au carburant, à la location de l’avion, à l’organisation etc... » Pour l’aider dans sa démarche, Caroline a monté un dossier de sponsoring. Et petit à petit, « les soutiens commencent à venir », confie-t-elle, ravie. A présent, elle n’a plus qu’une hâte : prendre son envol.

 

Article paru dans le journal DNA
Edition du jeu. 24 septembre 2015